Antivirus: Microsoft sortira son propre logiciel en 2005
Par Christophe Guillemin ZDNet France
Deux acquisitions récentes, en Roumanie et Israël, attestaient des
ambitions de Microsoft dans le secteur des antivirus.
Plutôt que d'intégrer un module à Windows, l'éditeur proposera un produit
à part, solution juridiquement plus sûre.
Ses futurs concurrents restent de marbre.
Depuis le rachat de plusieurs sociétés spécialisées dans la sécurité,
Microsoft était en mesure d'adjoindre des fonctions antivirales à son
système d'exploitation Windows.
Mais c'est un logiciel antivirus autonome que l'éditeur commercialisera dès
l'année prochaine.
«Nous ne voulons pas avoir de nouveaux démêlés avec la justice en
intégrant un module directement dans Windows», explique à ZDNet Nicolas
Mirail, chef de projet technique chez Microsoft France.
Rappelons en effet que la Commission européenne a infligé à l'éditeur,
pour violation des lois européennes sur la concurrence, une amende de
497,2 millions d'euros, principalement motivée par l'intégration de
Windows Media Player à son système d'exploitation.
Amende que Microsoft a accepté de verser tout début juillet, malgré la
procédure d’appel en cours.
Reste que le principal argument commercial du numéro un des logiciels
sera sa double casquette d'éditeur de l'OS et du logiciel antivirus.
«Ce produit sera délivré par Microsoft, donc par l'acteur qui maîtrise le
mieux l'environnement de la plate-forme Windows», poursuit Nicolas Mirail.
L'avenir dira si les clients se montrent sensibles à ce message où si, au
contraire, les critiques concernant le manque, ou les défauts de sécurité de
Windows auront jeté le doute sur les compétences de Microsoft en matière
de sécurité.
Aucune annonce officielle n'a encore été faite sur ce point par la maison
mère Microsoft Corp.
L'information nous a été cependant confirmée par les cadres de la
compagnie venus présenter la prochaine mise à jour de Windows XP
(Service Pack 2), qui sera disponible en France à la fin du mois d'août (la
date exacte du lancement reste indéterminée).
Pas de pare-feu
Le produit de Microsoft a hérité de nouvelles compétences acquises en
externe.
Concrètement, l'antivirus disposera, comme la plupart de ses concurrents,
de deux méthodes de détection.
La première est basée sur une classique base de signatures de virus, à
mettre à jour régulièrement.
La technologie employée est due à l'éditeur roumain Gecad Software, que
le géant de Redmond a racheté en juin 2003 pour 10 millions de dollars.
La seconde méthode de détection sera de type "comportementale", le
logiciel analysant par exemple les actions des pièces jointes pour
déterminer s'il s'agit d'un virus et établir les risques qu'il présente pour le
système atteint.
Encore une fois, il s'agit d'une technologie acquise en externe puisqu'elle a
été développée par la start-up israélienne Pelican Software, rachetée en
mars 2003 par l'entreprise de Bill Gates pour la modique somme d'1
million de dollars.
Enfin, avons-nous appris simultanément, le produit n'intégrera pas de
pare-feu.
«Il y a déjà un pare-feu présent dans Windows XP, dont les fonctions vont
être renforcées avec [la livraison du] Service Pack 2 attendu pour fin
août», indique le responsable de Microsoft France.
Le futur antivirus, dont le nom commercial n'est pas encore arrêté, sera
compatible avec Windows XP et le futur OS Longhorn attendu pour 2006.
Quant à son prix, il n'est pas encore fixé.
La concurrence demeure sereine
L'arrivée de Microsoft sur ce marché ne semble pas, pour l'instant en tout
cas, faire trembler la concurrence.
Enfin, disons la "concurrence de demain", les principaux éditeurs de
logiciels antivirus étant aujourd'hui quasiment tous des partenaires
incontournables de Microsoft.
Que feraient Symantrec, Trend Micro ou Kaspersky sans l'énorme parc
d'ordinateurs Windows à protéger contre les dizaines de milliers de virus
qui pullulent dans le monde?
L'éditeur de Norton Antivirus, Symantec, a déjà rédigé une note à
l'adresse des journalistes, dans lequel il indique être «heureux que le choix
se porte sur une solution payante indépendante de l’OS».
«Ainsi, tous les éditeurs de logiciels antivirus se retrouvent sur un pied
d’égalité et le choix des utilisateurs se fera uniquement en fonction de
leurs besoins et sur le produit répondant le mieux à ces besoins»,
poursuit-il.
Symantec profite de l'occasion, c'est de bonne guerre, pour vanter ses
compétences de recherche dans le domaine antiviral, mettant en avant sa
quinzaine de laboratoires de par le monde.
Un atout dont Microsoft ne disposera manifestement pas.
Même son de cloche chez Trend Micro.
«Dès que l'on touche à la sécurité, la réputation sur le marché est un
facteur important lors de la décision d'achat et nous pouvons nous
prévaloir de quinze ans d'expertise», avance à ZDNet Matthieu Brignone,
directeur marketing pour l'Europe.
«Nous nous attendions à cette arrivée de Microsoft sur le dernier marché à
fort potentiel sur lequel il n'était pas encore entré.
S'il y a effectivement des chances qu'il prenne des parts de marché sur le
segment domestique, ce sera plus difficile en entreprise, où le parc
informatique est plus hétérogène et ne se limite pas à Windows.» Matthieu
Brignone rappelle ainsi que Trend Micro propose des solutions pour les OS
à base de noyau Linux, ce que ne fera vraisemblablement pas Microsoft.
Chez Kasperky Labs, on se refuse à tout commentaire avant l'annonce
officielle.
Et personne n'était joignable dans l'immédiat dans les bureaux français
des sociétés McAfee (ex-Networks Associates) ou F-Secure.
scott
ANTIVIRUS - MICROSOFT SORTIRA SON LOGICIEL EN 2005
Modérateurs : Team Admin, Team Info